Alfred Duke (1863-1915)

Défense des animaux

Schopenhauer critique très sévèrement l’absence de droits pour les animaux. Il fait remonter cette omission au dogme d’une absolue différence entre l’homme et l’animal, issu du mythe de la création comme il est présenté dans l’Ancien Testament et repris par le christianisme. Ce prétendu décret sert de légitimation à l’homme pour traiter les animaux « comme des rien-du-tout » afin de pouvoir les exploiter jusqu’à la moelle. D’après le récit de la Genèse (Chap. I et IX) « le créateur offre à l’homme tous les animaux, comme ni plus ni moins que des choses, sans même lui recommander de les bien traiter, comme le fait aujourd’hui dans la plupart des cas un marchand de chiens quand il se sépare des petits, et cela afin qu’il en soit le maître, c’est-à-dire qu’il fasse d’eux ce qui lui plait [...] Malheureusement les suites de ce début se font encore jusqu’à ce jour parce qu’elles se font passer dans le christianisme, dont la morale, paraît-il, est la plus parfaite de toutes, ce qui devrait bien l’amener à mettre fin une bonne fois pour toute à ces pratiques. Elle présente toutefois un grand et essentiel défaut qui l’en empêche, celui de limiter ses commandements à l’homme et de priver de droits l’intégralité du monde animale. » (Parerga & Paralipomena).

Les conséquences de cette « mise en scène » monothéistes dans le jardin du paradis font que les hommes y jouent le rôle du diable et les animaux celui des âmes suppliciées. Qu’on voie seulement « cette façon criminelle, qui crie vengeance au ciel, avec laquelle la populace chrétienne en use avec les animaux, comme elle les massacre sans aucune utilité et avec le sourire, ou les mutile, ou les torture. » (Parerga & Paralipomena). Qu’on voie aussi bien les expérimentations pratiquées sur eux, les vivisections, les agressions infligées à l’animal vivant, tout ce qui met la nature à la question pour lui extorquer des questions qui sont peut-être déjà connues depuis longtemps. A cela Schopenhauer oppose ceci : « Le monde n’est pas une fabrique et les animaux ne sont pas des produits à l’usage de nos besoins. » Car « l’animal est pour l’essentiel le même que l’homme. » (Parerga & Paralipomena)

Voir: Arthur et son chien