Schopenhauer vu par...
Léon Tolstoï (1828-1910)
« Savez-vous ce qui m’est arrivé cet été ? Un émerveillement incessant à lire Schopenhauer et une abondance de joies intellectuelles comme je n’en avais encore jamais éprouvé. Je me suis fait envoyer toutes ses œuvres, et j’ai lu, et je lis encore, Kant également, du reste. je suis bien sûr qu’aucun étudiant n’a appris autant en un semestre que moi durant cet été. je ne sais pas si je changerai encore d’avis par la suite, mais pour le moment je suis convaincu que Schopenhauer est le plus génial des hommes. Vous dites qu’il est comme ci comme ca, qu’il a écrit certaines choses sur la philosophie. Comment ça, certaines choses? C’est le monde tout entier dans une incroyablement belle et lumineuse réplique. j’ai commencé à le traduire. Ne voulez-vous pas vous y mettre vous aussi ? Nous le publierons ensemble. Quand je le lis, je ne comprends pas que son nom ait pu rester inconnu. Je ne trouve qu’une seule explication, celle dont il s’est lui-même si souvent servi : que le monde est presque uniquement peuplé d’idiots.»
Friedrich Nietzsche (1844-1900)
« Il est trois images de l’homme que notre époque a érigées l’une après l’autre et où les mortels puiseront sans doute longtemps encore l’impulsion capable de transfigurer leur propre vie : l’homme de Rousseau, l’homme de Goethe et pour finir l’homme de Schopenhauer. »
« Son enseignement est passé, sa vie demeure. Regardez-le ! Il ne fut le sujet de personne. »
« Je suis, dit Nietzsche, un de ces lecteurs de Schopenhauer qui, après avoir lu la première page de lui savent avec certitude qu'ils iront jusqu'à la dernière, et qu'ils écouteront chaque parole sortie de sa bouche. Ma confiance lui a été acquise dès l'abord, et après neuf ans écoulés elle est encore la même. Pour tout dire en un mot et avec un sentiment peut-être outrecuidant, je le compris comme s'il avait écrit pour moi. »
August Strindberg (1849-1912)
« C’était un esprit profond, peut-être le plus profond de tous. Il a su percer à jour la misère et le néant de la vie terrestre. »
Goethe (1749-1832)
« J'ai trouvé dans le jeune Schopenhauer un homme remarquable et intéressant. Il a juré de tenir en echec tous nos philosophes actuels. Il faut savoir si ces messieurs voudront l'admettre dans leur coopération. pour moi, je lui trouve de l'esprit, le reste ne me regarde pas. »
« Il s’occupe, avec une sorte d’entêtement pénétrant, à brouiller le jeu de cartes de notre philosophie moderne »
Gustave Flaubert (1821-1880)
« Vous connaissez Schopenhauer? je lis en ce moment deux livres de lui. Idéaliste et pessimiste, un bouddhiste au fond. Ça me va. »
Sigmund Freud (1856-1939)
« Très rares sont sans doute les hommes qui ont aperçu clairement les conséquences considérables du pas que constituerait, pour la science et la vie, l’hypothèse de processus psychiques inconscients. Mais hâtons-nous d’ajouter que ce n’est pas la psychanalyse qui a été la première à faire ce pas. On peut citer comme précurseurs des philosophes de renom, au premier chef le grand penseur Schopenhauer, dont la « volonté » inconsciente peut être considérée comme l’équivalent des pulsions psychiques de la psychanalyse . C’est le même penseur du reste, qui, en des termes d’une vigueur inoubliable, a rappelé aux hommes l’importance encore sous-estimée de leurs aspirations sexuelles. »
Thomas Mann (1875-1955)
« Schopenhauer - oublié? Pas chez moi. C'était quand même un immense écrivain, et son système demeure une admirable œuvre d'art. [...] Il a anticipé Freud avant Nietzsche, qui resta toujours son élève. Tout ce qu'il dit du rapport de la volonté et de l'intellect ne constitue rien de moins qu'une nouvelle psychologie, qui écarte les voiles et arrache les masques. »
Franz Kafka (1883-1924)
« Schopenhauer est un artiste de la langue. C'est la source de sa pensée. Rien que pour cette langue il faut absolument le lire. »
Charles Chaplin (1889-1977)
« j'ai acheté trois volumes du Monde comme volonté et comme représentation et depuis plus de quarante ans je n'ai pas cessé d'en relire des pages. »
Søren Kierkegaard (1813-1855)
« Je me suis amusé plus que je ne saurais dire en lisant Schopenhauer. Ce qu’il dit est parfaitement vrai, et d’autre part ce que je mets bien volontiers au crédit des Allemands, grossier comme seul un Allemand peut être.»
Max Horkheimer (1895-1973)
« La pensée de Schopenhauer est infiniment actuelle. »
Jorge Luis Borges (1899-1986)
« Il y a pour moi un écrivain allemand que je préfère à tous les autres : Schopenhauer. Je sais, j'aurais dû dire Goethe, mais Schopenhauer m'intéresse bien plus. Si j'ai étudié sérieusement l'allemand - que j'ai appris à travers les poésies de Heine - c'est seulement afin de pouvoir lire Schopenhauer dans le texte. »
Hans-Georg Gadmer (1900-2002)
« C’est par lui que le concept de volonté a reçu la signification nouvelle d'aveugle et irrationnel, qui en passant par Nietzsche s’est introduite dans notre époque où elle commande la déférence entre l’inconscient et la conscience, entre volonté et raison, et l’entière expérience que fait du réel la modernité. »
Guy de Maupassant (1850-1893)
« Qu'on proteste ou qu'on se fâche, qu'on s'indigne ou qu'on s'exalte, Schopenhauer a marqué l'humanité du sceau de son dédain et de son désenchantement. Jouisseur désabusé, il a renversé les croyances, les espoirs, les poésies, les chimères, détruit les aspirations, ravagé la confiance des âmes, tué l'amour, abattu le culte idéal de la femme, crevé les illusions des cœurs, accompli la plus gigantesque besogne de sceptique qui ait jamais été faite. Il a tout traversé de sa moquerie, et tout vidé. Et aujourd'hui même, ceux qui l'exècrent semblent porter, malgré eux, en leurs esprits, des parcelles de sa pensée. »
Auguste Dietrich (1846 – 1905)
« Schopenhauer cherche infatigablement la vérité, en s'efforçant d'atteindre au cœur des choses, d'arriver à la connaissance des premiers principes. C'est un vivisectionniste qui fouille de son scalpel non la chair, comme les autres, mais l'âme, et qui poursuit sans émotion apparente son travail impitoyable, jusqu'à ce qu'il ait complètement mis à nu le squelette de l'esprit humain. »
« Schopenhauer a fait descendre la philosophie du ciel sur la terre. Ce n’est pas, comme tant d’autres, un abstracteur de quintessence perdu dans les brouillards de la métaphysique, c’est un philosophe dont les doctrines ont leurs racines dans le sol de la réalité visible, qui a vécu de la vie du monde, et qui écrit en galant homme, même là où il ne peut dissimuler le métier.»
Karl Hillebrand (1829 - 1884)
« La propriété de l’expression, l’abondance des belles métaphores, l’ordonnance et la subordination transparentes des pensées, la facilité et la correction de la construction, la couleur et la vie de ce style sont une chose presque unique dans notre littérature. Rien de pédantesque, pas de rhétorique ni de négligence, nulle maigreur ni nulle farcissure inutile ; derrière chaque mot une pensée, et cette pensée est aussi originale que le mot. Schopenhauer est attrayant, suggestif au plus haut degré, et c’est là l’éloge suprême d’un écrivain ».
Hans Richert (1869 - 1940)
« Lorsqu’on a écouté Schopenhauer jusqu’au bout, il est impossible de l'oublier »
Johannes Volkelt (1848 - 1930)
« Si le génie de l’humanité devait s’épuiser dans tous les grands types possibles, c’est quelque chose comme un Schopenhauer qui surgirait. »
Rüdiger Safranski
« [Schopenhauer] a pensé ensemble et jusqu'au bout les grandes blessures de la mégalomanie humaine. La blessure cosmologique : notre monde est une des sphères innombrables dans l'espace infini, dans lequel une moisissure d'êtres vivants et connaissants existe. La blessure biologique : l'homme est un animal chez qui l'intelligence doit simplement compenser le manque d'instincts et l'insuffisance de l'adaptation organique au monde vécu. La blessure psychologique : notre moi conscient n'est pas maître chez soi ».
Richard Wagner (1813 - 1883)
« Je suis pour l'instant exclusivement occupé d'un homme qui m'est apparu dans ma solitude comme un envoyé du ciel : c'est Arthur Schopenhauer, notre plus grand philosophe depuis Kant, dont il a le premier, selon son expression, développé la pensée jusqu'au bout. »
Michel Houellebecq
« Il n'y aucun cynisme chez Schopenhauer, mais il ne veut pas vous dorer la pilule, parce que la vérité l'exige. Il est austère, mais amical. »